Les histoires de Jacques. -13-

Une histoire brésilienne... celle du Morro da Igréja


LE BRESIL ...        

      Un certain jour, la Thomson (Thalès) dont je faisais partie me demanda de m'occuper de quelques affaires au Brésil...
Au Brésil ! Bien entendu cette proposition me réjouit fort et par un matin lumineux je débarquais à l'aéroport de Rio-Galean.
A moi, Rio, me voici ! Ma base de départ était particulièrement bien choisie et attractive : l'hôtel Méridien, à Copacabana !


      C'est ce pays immense, grand comme dix-sept fois la France, que j'allais devoir parcourir en long comme en large, en utilisant tous les moyens de transports officiels, privés, avouables... ou inavouables (une troupe de "banditos" à été chargée, par contrat avec l'Armée de l'air, de me tranporter ou même de me porter au sommet d'une montagne recouverte d'eucalyptus gigantesques !).

      Toujours en mission professionnelle, je terminais un long périple qui m'avait amené à visiter, traverser ou séjourner dans des villes dont les seuls noms font rêver : de San Salvador de Bahia à Rio de Janeiro, puis à Belo Horizonte et à Brasilia. De Cuiaba, centre géographique de l'Amérique du Sud, au coeur du Matto Grosso, au Pantanal et à sa Transpantaneira. De Corumba à Iguaçu et ses cataratas (chutes d'eau fabuleuses du gigantesque rio Paranà), en passant par Campo Grande, pour aboutir à Rio Grande do Sul. De là commençait une remontée par Porto Alegre et Florianopolis jusqu'à Urubici, dans l’état de Santa-Catarina, au pied du Morro da Igreja, une montagne faisant partie de mes objectifs...

Ma mission consistait à définir, avec l'Etat-Major de l'Armée de l'Air brésilienne, l'implantation d'un réseau de stations radars de grande puissance, destinées à assurer le contrôle et la surveillance de la circulation aérienne civile et militaire.
Donc, choisir des sites appropriés, dans tout le Bresil...

      

                                           
 Ce Christ rédempteur, symbole de Rio. Cette statue gigantesque, érigée sur le
  Corcovado, domine la ville. Très impressionnante, surtout vue la nuit, illuminée !
      
Après, la remontée continuerait par Joinville, Curitiba, Sao Paulo (prononcez "San Paolo", avec l'accent tonique sur le "a", vous passerez pour un véritable Pauliste) et enfin Rio ou tout le monde se sent un peu carioca. Rio, d'où le Concorde me ramènerait bientôt à Paris, après 26000 km effectués dans tout le Brésil. Tous les moyens de transport possibles furent utilisés : avions civils et militaires (beaucoup de Bandeirantes dont les portes fermaient mal...), hélicoptères, 4 x 4, Jeep, Land-Rover, pick-up Chevrolet Verazanno, à pied, encordé, suspendu, tiré et tracté par une troupe de banditos (largement payés pour réussir à me faire parvenir sans trop d'encombres dans quelques inaccessibles endroits, par des chemins ouverts par des coupeurs de brousse, tel le sommet d'un eucalyptus de 35 m de hauteur...)
     
 

Donc, dis-je, me voici à Urubici, charmante bourgade au pied de la montagne. Une rue principale, style far-west, des maisons en planches et son grand hôtel... Question de standing, je ne descendais que dans les grands hôtels ! Celui-ci était tout de même un peu surprenant ! En planches également, sept ou huit chambres ! La mienne était toute petite, avec un plat et un broc en faïence comme salle de bain... Les cloisons (en planches mal joignantes, bien sûr !) d'un coté laissaient passer le son et lumière de la pièce voisine où se débattait (ou s'ébattait) un couple d'excités... De l'autre côté, un vieux bonhomme qui toussait, qui toussait et crachait... Sans arrêt, toute la nuit ... Le lendemain j'ai appris qu'il s'agissait d'une phtisie galopante, qui l'avait rattrapé !
      J'étais assisté d'un colonel brésilien qui avait jugé plus prudent de venir accompagné de sa secrétaire , fort jolie fille. On n'est jamais assez prévoyant en voyage...

Le véhicule qui devait nous hisser jusqu'au camp de base était une grosse voiture du genre "Range Rover". Et nous voilà partis de bon matin, à bicyclette... Euh, non, avec la Rover, partis sur une route serpentant au long des premières pentes du Morro da Igreja.

Quinze virages plus loin, un gros "plop", un jet puissant de vapeur blanche dans le matin calme : le bouchon de radiateur venait de sauter... Tout le monde autour de la voiture : conclusion : radiateur pratiquement vide... Nos réserves d'eau minérale de plusieurs jours y sont passées, mais après quelques hoquets, la belle anglaise a consenti à repartir sans trop rechigner !
Ils ont même réussi à m'y faire grimper...
à l'eucalyptus !
 
      Fangio (je veux dire : le colonel !) était au volant et les virages étaient fort inconfortables, vu l'ampleur des accélérations latérales... Enfin, nous arrivâmes à un minuscule carrefour sans panneaux indicateurs. Juste un bout de planche où l'on avait peint à la main : "Juan 21 km". Le colonel m'expliqua que l'on venait de prendre la route (il avait bien dit "la route" ???) de la ferme d'un cultivateur nommé Juan, qui constituerait notre camp de base.       Pour moi, il n'y avait pas de route, à peine un petit ressaut creusé à la dynamite dans le flanc de la montagne et nous hoquetions, glissant et dérapant de caillou en caillou, en soulevant un nuage de poussière, trop vite, beaucoup trop vite... "Mais, monsieur Dassié, c'est que vous n'avez pas l'habitude, vous, dans votre bureau à Paris. Nous, c'est notre façon de conduire !". Virage après virage, nous prenions progressivement de l'altitude et la sente rocailleuse semblait de moins en moins carrossable. Je me permis de faire remarquer au Colonel qu'à ce train-là, au prochain virage, je craignais que l'on prenne un raccourci brutal et qu'il me semblait qu'il avait oublié de sortir les ailes...!      Il éclata de rire et au même moment, dans un grand bruit, avec beaucoup de poussière, la voiture fit une énorme embardée sur un rocher, décolla, prit le raccourci...un moment suspendue en l'air avant que de retomber brutalement, bloquée par un arbre... Oh, pas un gros arbre et nous avions un doux mouvement de balancement !       J'étais à l'arrière gauche et je décidais de prendre la conduite de la suite des opérations : "STOP Colonel, don't move ! lui criais-je. Il s'immobilisa et je pus faire un examen rapide de la situation.       

    Sous nous, la pente abrupte. Si nous tombions, cela signifierait deux ou trois cents mètres de tonneaux, dont les chances de sortir vivants étaient infimes. Côté droit : le vide... Côté gauche, des branches... Je choisis les branches et j'entrebâillais la porte arrière gauche avec beaucoup de précautions car il ne fallait pas rompre notre frêle équilibre. Elle s'ouvrit suffisamment pour que l'on puisse se glisser à l'extérieur. J'expliquais à la fille de l'avant droit qu'il fallait qu'elle passe vers l'arrière en se serrant le plus possible vers la gauche. Ce qu'elle fit, en m'atterrissant sur les genoux, puis en sortant à quatre pattes. Elle avait beaucoup d'esprit.
      

    Je sortis à mon tour, tout en restant cramponné de tout mon poids à la porte et je pus demander au colonel de descendre à son tour, en passant également par l'arrière. Une fois en sécurité, je lâchais doucement la porte et... rien ne se passa ! Soulagé, j'ai pu me défouler sur le colonel qui ne mouftait pas...
                 Il a gagné !  Mon chauffeur, le Colonel E. et l'auteur, sur la "route" plutôt rocailleuse ! Réflexions profondes...
      Bon, calmons nous et tenons un conseil de guerre. Où sommes-nous ? D'après le colonel, à 11 km de la ferme des Juan que nous décidons de rallier à pied... Oui, mais pour ma mission, il était indispensable que j'emmène le sac où se trouvaient mes appareils de photo. Un beau sac, bien classique, avec une large courroie. Un détail, il pesait 11 kilos...
C'est acceptable pour faire 100 mètres, mais pas pour en faire 11000 ...
      Qu'à cela ne tienne, on va essayer ! Au bout de quelques centaines de mètres, il est évident que l'ingénieur parisien n'avait pas l'entraînement de ces Brésiliens qui disparaissent progressivement derrière les virages... Epuisé, les épaules en sang avec cette maudite courroie, je faisais un arrêt tous les trois ou quatre cents mètres.

   Le temps était radieux et le soleil montait, montait, et il chauffait, chauffait... Et j'avais de plus en plus soif ! Au total il m'aura fallu presque quatre heures pour enfin arriver en vue de cette ferme, accueilli par un molosse agressif... Je trouvais le colonel attablé depuis une heure devant une gigantesque boisson alcoolisée qui fleurait bon l'anis...
      Il y avait là le couple des Juan avec leur trois petits, plus un paquet de langes aux effluves caractéristiques qui avait débarqué la veille de Madame Juan ! Au passage, j'admirais le courage de cette dame qui vaquait au service de la maison et de ses visiteurs comme si de rien n'était... Le paquet braillait souvent et pour le calmer, elle lui donnait le sein.       Il faut dire aussi que l'accueil de notre troupe représentait pour ces gens qui vivaient en autarcie, un apport financier tout à fait important. Et aussi une promesse pour l'avenir, puisque notre visite représentait le prélude à des bouleversements considérables, amenant des dizaines de personnes à vivre près de chez eux et surtout à l'établissement d'une véritable route leur permettant un accès infiniment plus facile aux marchés de la ville pour l'écoulement de leur productions agricoles.

La petite ferme des Juan, au pied du "Morro".
L'un de nos guides, un peu, beaucoup "bandito".
      Le lendemain était le jour de récupération de la voiture. Très tôt le matin, à l'aube, le colonel et les hommes de chez Juan s'harnachent pour cette opération. On prépare les chevaux, des rouleaux de corde et des pieux. Et sous une fine bruine, la troupe se met en route. Vêtus de ponchos, très hauts sur leurs montures, leurs silhouettes s'estompent rapidement... Ah, le spectacle était rare, mais valait le lever matinal.      

    Dans l'attente de leur retour, j'essayais de soulager la maîtresse de maison en occupant les plus grands enfants : je leur appris à jouer au morpion ! Enorme succès : ils ont crayonné toute la journée sur leurs cahiers... Vers le soir, la nuit tombant, toujours pas de nouvelles de nos preux chevaliers...Enfin ils arrivèrent, fourbus et éreintés, sans la voiture qui devait s'être coincée sur son arbre beaucoup plus solidement que nous ne pouvions l'imaginer et avait résisté à tous leurs efforts... et surtout à ceux de leurs chevaux ! Le colonel me raconta que devant cet échec, il avait dû redescendre jusqu'à Urubici afin de trouver un téléphone et pouvoir contacter l'Armée de l'Air et mobiliser ses moyens lourds. Des engins devaient "rectifier un peu la route" afin d'autoriser le passage d'une énorme grue spéciale ... Notre séjour menaçait de se prolonger bien plus que prévu !
   

       Je pouvais donc effectuer les relevés et mesures qui m'intéressaient, mais pour cela il fallait grimper sur la montagne, sur le Morro da Igréja ! Je devais étudier la possibilité d'implanter une future station radar de navigation aérienne et pour cela, réaliser un certain nombre d'observations à partir du sommet. L'ascension fut pénible et nos "banditos" de location nous aidèrent à transporter le matériel avec leurs chevaux. Evidemment, à partir d'une certaine pente, les chevaux ne purent plus intervenir et c'est donc à dos d'homme qu'il fallut terminer l'ascension, pataugeant dans les sphaignes avant l'abord du roc pur.
      

    A peine arrivés et installés au sommet, le temps s’est rapidement dégradé. Dans mes instruments, je voyais REMONTER des paquets de grêlons... Je me sentais soudainement très mal, très oppressé et j’ai été subitement pris d’une espèce de panique : je me suis mis à crier, entraînant mes compagnons dans une course folle vers le bas. Nous avions à peine parcouru deux cents mètres quand la foudre a vitrifié le sommet du rocher sur lequel nous nous tenions. On y est remonté le lendemain pour vérifier. Quelle trouille rétrospective ! (je reprends une partie de cette histoire dans "La Baraka", car vraiment c'est par une chance inouie que j'ai eu ce pressentiment et que j'ai pu effrayer suffisamment mes compagnons pour qu'ils m'écoutent sans demander d'explications..).
      

Ah, notre tête, le lendemain, remontés devant ce roc qui ressemblait maintenant à de l'obsidienne...

 




La suite ? Je dirais presque normale : notre engin est apparu un beau matin devant la ferme, piloté par un militaire.
Quelques préparatif avant de quitter cette ferme où nous étions restés une semaine.
Les derniers bidons de carburants passent dans le réservoir sous la surveillance des animaux de la ferme ! Adieux aux Juan et nous entamons la magnifique descente avec un colonel apparemment calmé.







    Le dernier plein, sous l'oeil intéressé des cochons et des chiens...


L'arrivée du troupeau à la fazenda, encadré par les gauchos,
avec toute la poussière de latérite... Le roulement continu
des pas, les mugissements, les odeurs fortes ! Incroyable !
 
      

    Le paysage était superbe et nous traversions des forêts d'araucarias, les "coupo santo" comme ils les appellent là-bas, en raison sans
doute de leur forme de coupe de champagne.
      

    A Urubici, nous retrouvons notre luxueux palace, et en déjeunant dans une churrascaria, je me rends compte que le colonel n'a pas envie, mais pas du tout envie, de rentrer à Rio... Il se voyait bien faisant du cheval dans la pampa, toujours accompagné de sa dévouée secrétaire. J'ai fini par comprendre ses motivations : c'était justement le moment du carnaval de Rio, et il détestait cette période où la ville est envahie par des foules considérables. J'avais très exactement les motivations inverses... Ejecté du Méridien pour cause de coût (pendant le carnaval les prix décuplent...), l'Armée de l'Air m'avait aimablement réservé une chambre dans les étages qu'elle occupe en permanence dans la "Torre de Rio" pour ses hôtes.
      

    Le colonel s'était enfermé et devait tenir une conférence avec sa secrétaire. Impossible de le voir. Je lui écrivis une lettre pour lui faire par de mon vif désir de rejoindre Rio le plus rapidement possible et la glissais avec délicatesse (et précaution) sous la porte de sa chambre...
 Ah... dans une churrascaria, quelle viande...     

      

    Oui, mais j'étais en gros à onze cents kilomètres de Rio, et Urubici, charmante bourgade, ne possédait ni gare, ni aéroport... Je déambulais sur les Champs-Elysées locales, et finis par dénicher quelque chose qui ressemblait à un café ! Malgré la barrière des langues, j'appris qu'il n'y avait ici ni Hertz, ni aucun loueur de voiture. Mais que par contre il y avait un taxi ! (oui, taxi se dit "taxi" dans toutes les langues, en dépit de possibles fantaisies orthographiques). On me donna l'adresse et je finis par arriver à une petite villa. La porte s'ouvrit et la dame qui ne comprenait rien, finit par appeler son mari, qui lui, baragouinait un mauvais anglais ! C'était un ancien feldwebel de la Wermacht..., reconverti en transporteur public ! Il portait d'énormes lunettes, aux verres très, très épais...
      

    Après d'âpres négociations, nous tombâmes d'accord et il fallut attendre encore une bonne heure avant que la voiture fut prête. L'aéroport le plus proche était Florianopolis, tout près me dit-il : juste de l'autre côté de la montagne... A peine une petite centaine de kilomètres... Avec tout ça, le jour baissait fortement quand il fut décidé à partir. A peine dans les lacets de la montagne, la nuit était complètement tombée et j'avais une impression bizarre sur les capacités de conducteur de mon chauffeur : nous zig-zaguions d'un côté à l'autre de la route et il ne changeait de direction qu'en entendant les gravillons gicler dans les ailes...

    Pauvre de moi, le destin avait-il décidé de s'acharner ? Puis je réalisais qu'il n'y voyait absolument pas ! Je l'ai fait stopper et après de nouvelles négociations, je suis reparti en place pilote ! Là-dessus, la météo se mit de la partie et un formidable orage se déclencha. Pas à mon aise du tout, je suivais le bord droit de la route, aux phares, assez lentement, sous les rafales de pluie et de grêle qui formaient un rideau continu... Puis ce fut un paroxysme de l'orage, la foudre tombait de tous bords et les bruits de ses coups de canon se répercutaient de cimes en cimes... Un vrai temps de fin du monde ! Je jugeais plus prudent de m'arrêter et d'attendre un peu.
      

    Vingt minutes plus tard, je pouvais repartir, la pluie avait cessé et les étoiles réapparurent : la Croix du Sud, la Carène et le Triangle Austral scintillaient dans l'air transparent (nous étions à une trentaine de degrés dans l'hémisphère Sud). Je pus enfin passer un col et apercevoir très au loin les lumières de la grande ville : Florianopolis et son île brillaient de tous leurs feux, l'orage était passé et le moral remontait ! Dans la banlieue éclairée, je repassais le volant à mon feldwebel et il finit par s'arrêter devant l'un des grands hôtels de la ville. Nouvelle discussion épique pour qu'il me rédige une facture (la note était assez salée...) et enfin un groom me piqua ma valise et me guida vers la réception de l'hôtel. Ouf, oui, enfin !
      

    "Désolé, Monsieur, mais nous sommes le soir du carnaval et tout est réservé depuis bien longtemps..." La douche froide... Devant mon embarras l'homme aux clefs d'or me proposa de rechercher quelque chose pour moi. Accord immédiat, concrétisé par un discret billet, et quelques minutes plus tard, il m'avait trouvé une suite dans un motel de 1ère classe (sans doute tenu par son beau-frère...), à une vingtaine de kilomètres de Florianop's (comme ils disent). Il m'avait même appelé un taxi (son cousin, sans doute...) qui m'attendait devant le porche... Sitôt dit, sitôt fait et me voila reparti avec ce taxi, normal celui-là. Passons sur le motel de grand luxe, avec piscine privée, entourée de fer forgé, à l'intérieur même de cette chambre-suite-cathédrale. Un bon dîner, suivi d'un sommeil réparateur et le lendemain matin, branché au téléphone, j'essayais de trouver une place pour Rio. Miracle, juste un désistement au moment de mon appel et une heure plus tard, le sourire d'une hôtesse signifiait mon retour au monde coutumier...

Rio de Janeiro... La baie de Guanabara, le port de
Botafogo et le Pão de Açúcar, vus depuis le Corcovado
 


      
    Notre avion des lignes intérieures se posa à l'aéroport de Santos-Dumont, au bout de la plage de Flamengo, et comme le Pain de Sucre se trouvait juste dans l'axe des pistes, cela nous valut un passage fort agréable où le pilote l'effaça d'un S souple, à peu près à sa hauteur ! Les visiteurs nous saluaient de la main...


 

L'Avenida Atlantica, bordant la mythique plage de Copacabana ! En cette veille de Noël de 1982,
le soleil de l'été austral se trouve exactement au zénith. D'après l'ombre, il est midi ! C'est juste l'heure
du "caïpirinha", au bar du Méridien.
Ces deux-là y courent... Vous venez, on les suit ? Je vous invite !

 

Rio, ville indescriptible, surtout en période de carnaval, une folie permanente. J'avais décidé de snober le sambodrome pour touristes et préféré me mêler au carnaval des "blocos", celui plus populaire et plus vrai, celui des quartiers. Préparatifs indispensables : jean et chemisette bariolée, rien dans les mains, rien dans les poches, pas de montre ni de chevalière, juste une photocopie du passeport et le numéro de téléphone de l'hôtel. Quelques billets de faible valeur, en vrac dans la poche (pour pouvoir acheter une bière tout de même).

Ça y est, je suis paré, en route pour le Carnaval :

Carnaval de blocos, devant l'Opéra de Rio.
Carnaval de blocos, devant l'Opéra de Rio.
Le carnaval voit la génération spontanée de bien des instruments curieux ! Surprenant, non ?
      

    C'est la fête et je voudrais pouvoir la comprendre, la ressentir, comme ces gens des blocos pour qui, ces journées et ces nuits sont attendues toute l'année.
Allez au revoir et à demains les amis...
      

    Le lendemain soir, c'était le retour vers Paris, en Concorde... Son salon d'accueil, les petits cadeaux et les attentions des hôtesses. Bien agréable ! Décollage à 21 heures, la Croix du Sud était plus basse sur l'horizon. Trois heures plus tard et c'était le débarquement à Dakar, avec toute la moiteur et les bruissements de l'Afrique. Le temps d'une boisson fraîche et nous repartions pour atterrir deux heures et quelques après, à Roissy-Charles de Gaulle, retrouvant l'hiver, le verglas et les embouteillages des portes de Paris... Supéfaits d'un changement d'univers si soudain...
      

    Bien ! disent certains, bonne ballade ! Et qu'est devenu le colonel ? Le colonel E. est décédé l'année suivante, d'un malheureux accident de voiture...


 
L'aube se lève sur Copacabana, la plus belle plage du monde, encore endormie. Sur l'Avenida Atlantica,
il n'y a plus de voitures, plus de foules bronzées, c'est le grand calme... Juste le ressac de l'Atlantique...
© : Jacques DASSIÉ 1982