"On se pose à
Mérignac"
Un certain jour du début du siècle, se posait un problème de
transports, à la fin d'une réunion de famille en Charente-Maritime.
"Qu'à cela ne tienne, dit le grand-père (moi), je vous
emmène en avion directement sur l'aéroport de Bordeaux-Mérignac et je vous
garantis que vous l'aurez, votre avion pour Paris". Sitôt dit, sitôt fait, et voilà la joyeuse troupe en route
pour l'aéroclub de PONS-Avy, à quelques minutes de voiture. Là, c'est le désert
et tout est fermé ! Mais le grand-père est un habitué des vols sur ce terrain
et il récupère la clé du hangar sous le pot de fleur qui va bien !
Avec l'aide de ma troupe, nous sortons le Jodel de voyage, un
4-5 places, DR 400, 180 CV, de chez Robin. On l'emmène devant la pompe à
essence et tout le monde est un peu surpris de la contenance du réservoir (110
litre). Ramené au parking, c'est la cérémonie de l'indispensable
visite pré-vol où le pilote fait le tour complet de l'appareil en vérifiant
tous les organes, fixes ou mobiles et en terminant par la vérification
effective des pleins d'huile et de carburant, sans oublier la purge des
réservoirs (au cas où quelque condensation nocturne malicieuse aurait créé un
peu d'eau dans les fonds). Puis, c'est l'embarquement, la répartition équilibrée des
passagers en fonction de leur poids, leur brêlage et la mise en place des
casques radio.
"Bon, tout le monde est là ? Ça va ?". Affimatif ?
OK, faut y aller ! "Personne devant ?", pas de réponse… Batterie,
contact démarreur… Vrouuummm, le moteur
tourne et je le règle au régime du point fixe pendant le temps de mise en
température.
On remonte le taxi-way, procédure radio, même si il n'y a
personne a la tour (bar du club-house) : c'est de l'auto-information, utile au cas où un appareil
étranger arriverait en vue du terrain.
Alignement, on fouette les 180 bourrins… L'avion s'ébranle,
accélère et après quelques secondes de cahotage sur le terrain herbeux, décolle
! D'un coup, nous sommes sur un tapis volant et son incroyable douceur ! On prend rapidement de l'altitude (mes passagers ne sont
vraiment pas lourds !), puis cap sur la Gironde que nous suivrons (toujours
pour le plaisir des passagers) vers 400 m de hauteur jusqu'au point d'entrée NW
(Ste Hélène) du circuit d'aérodrome de Mérignac.
"Mérignac airport, de Fox-Tartempion, provenance de
Pons-Avy, destination votre terrain. Circuit, consignes ?". On n'est pas
très bavards en aviation. C'est OK pour Mérignac, qui me donne des instructions
détaillées en vue de mon intégration dans un circuit qui comporte simultanément
des trafics d'avions de ligne internationaux, des chasseurs à réaction
militaires, et de rares trapanelles d'aéroclubs, dont nous faisons partie !
Aucuns problèmes, ce qui nous permet d'écarquiller de grands
yeux durant la très longue finale… Bdx nous demande : "Fox-…, vous ne
pourriez pas accélérer un peu ?" "Non, désolé Monsieur, je n'ai que
180 chevaux et ils sont déjà tous au galop !". "OK, posez-vous de
façon à prendre la première bretelle". Moi : "Roger".
Enfin l'immense piste arrive sous nos roues et nous nous
posons sans problèmes.
Gagner notre point de parking est une autre histoire et, bien
que guidés par la tour-sol, notre roulage semble interminable. Et puis il
commence à faire très chaud et j'entre-ouvre la verrière. Au parking, perdus sur ce champ de béton, la tour me
susurre "OK Fox-…" votre bus
arrive, patientez…" Eh oui, nous n'avons pas le droit de quitter l'avion à
pied… Enfin arrive le bus d'Air-France, pour nous tous seuls (les gosses sont
un peu soufflés...)Débarqués devant l'aérogare, nous empruntons la porte
"Navigants" pour monter à la tour régler la partie administrative :
taxe à payer et visa sur le carnet de vol.
Ce jour-là,
pour mes petits-enfants, la côte du grand-père est sérieusement montée…
L'aéroport international
de Bordeaux-Mérignac
Bordeaux-Mérignac, au
sol, vu par mes passagers…